DÉTRUIRE LE CERCLE VICIEUX DE L’ISOLEMENT

La maladie mentale demeure un sujet tabou. Malgré les nombreuses campagnes qui ont contribué à sensibiliser la société à ce mal du siècle touchant quelque 600 000 personnes au Québec, les personnes qui en sont atteintes ont du mal à briser le silence.

La principale difficulté consiste à trouver le bon interlocuteur. Dans les cas extrêmes, lorsqu’il y a par exemple délire ou risque élevé de suicide, l’urgence psychiatrique constitue la solution à privilégier.

OÙ ALLER ?

Lorsque les symptômes sont moins spectaculaires, la personne qui souffre, tout comme ses proches, ne sait pas vers qui se tourner pour trouver de l’aide. « Beaucoup de gens se plaignent de problèmes d’accès aux services de santé. Ils ne savent pas où aller », constate Jean-Rémy Provost, directeur général de Revivre, un organisme qui fournit du soutien aux personnes atteintes de dépression, d’anxiété et de troubles bipolaires ainsi qu’à leurs proches.« Quand le moral est atteint et que plus rien ne va, on n’est pas nécessairement tenté d’aller consulter. »

DES RESSOURCES VARIÉES

Or plusieurs ressources existent. Le médecin de famille constitue une bonne porte d’entrée. On peut également consulter un psychologue ou utiliser les guichets en santé mentale offerts dans les CLSC. Les organismes communautaires jouent un rôle essentiel, en ne se contentant pas de s’occuper de l’aspect médical, mais en mettant à la disposition des patients et de leurs familles des outils pour reprendre le contrôle sur leur santé mentale par des services variés : hébergement, thérapies de groupes, accompagnement, prévention en santé mentale, etc.

ACTIVITÉS DE GROUPES

« Un des principaux problèmes est la stigmatisation des personnes qui souffrent d’un problème de santé mentale. Grâce à des ateliers et à des activités de groupe, par exemple, nous les aidons à briser l’isolement et à constater qu’ils ne sont pas seuls »,

- indique Jean-Rémy Provost.

DE L’AIDE AUSSI POUR LES PROCHES

Les proches ont eux aussi besoin de support, car ils peuvent à leur tour sombrer dans la dépression. « Ils vivent de l’impuissance et se sentent dépassés par les événements », note le directeur de Revivre.

L’écoute, ainsi qu’une information crédible et validée scientifiquement, en plus de références vers des ressources appropriées, permettent de mieux soutenir un proche atteint d’un problème de santé mentale et de l’accompagner sur le chemin de la guérison. « N’hésitez jamais à dire que vous souffrez, vous verrez que vous n’êtes pas seul. »

4 CONSEILS POUR S’EN SORTIR

- Ne pas s’isoler ;

- En parler autour de soi, à la famille, au travail ;

- Accepter de se faire aider et s’engager activement dans le processus de soins ;

- S’investir personnellement dans le traitement.

PARLER POUR BRISER LE SILENCE

On n’hésite pas à se plaindre d’un mal de dos. Par contre, il est plus gênant de parler de souffrance psychologique. La stigmatisation, la peur d’être jugé entraînent les personnes à s’enfermer dans le silence, retardant la détection de la maladie et son traitement.

Comment briser le tabou ? En incitant les gens à parler davantage de santé mentale, comme le fait la campagne Bell Cause pour la cause. Pour chaque appel interurbain et sans-fil, message texte envoyés par les clients, tweet utilisant le hashtag approprié et partage Facebook de l’image de la campagne effectué la journée du 28 janvier, Bell s’engage à remettre 5 cents à des programmes de santé mentale au pays.

Cette initiative, qui en est à sa cinquième édition, a permis de reverser près de 5,5 millions de dollars en 2014 pour lutter contre la stigmatisation, faciliter l’accès aux soins, sensibiliser à la santé mentale au travail et soutenir la recherche, amenant l’engagement de Bell envers la santé mentale à 67,5 millions de dollars à ce jour. À Montréal, par exemple, trois organismes venant en aide aux itinérants ont pu mettre sur pied divers programmes de soins en santé mentale. L’Université de Montréal et l’Université McGill ont lancé quant à elles, un service de soutien psychologique pour les étudiants affectés par le stress des études. Comme quoi jaser peut faire du bien !

CINQ MOYENS SIMPLES POUR METTRE FIN AUX PRÉJUGÉS : 

- Être attentif aux mots que l’on utilise pour parler de la maladie mentale ;

- Se renseigner pour comprendre les signes avant-coureurs ;

- Manifester son empathie par de petits gestes de bonté ;

- Être à l’écoute ;

- Amorcer un dialogue pour rompre le silence.

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